Samsung fabrique nos téléphones avec la souffrance de ses employés

Extrait d’un article du Huffingtonpost.

Ces dernières années, Samsung Corporation a dû faire face à diverses accusations troublantes sur la santé de certains de ses employés sud­coréens, pays où se trouve le siège de la société. D’anciens ouvriers et leurs familles, ainsi que des syndicalistes, ont déclaré que les conditions de travail dans ses usines de semi­conducteurs avaient entraîné une recrudescence de maladies telles que la leucémie et d’autres types de cancer chez certains employés.

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Samsung avait commencé par nier qu’un tel lien existait mais les tribunaux sud­coréens avaient jugé dans plusieurs cas que ces ouvriers étaient bien les victimes d’un accident du travail. Le géant technologique a finalement demandé pardon aux ouvriers et à leurs familles en mai dernier, et promis de les indemniser.

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The Hankyoreh a rencontré la famille de Gunoo une deuxième fois le 3 novembre à Onyang, dans le comté d’Ulsang, après une prise de contact le 12 août. Le climat est beaucoup plus froid et plusieurs alertes météo ont été diffusées sur les chaînes du pays. La saison qui a vu Gunoo lutter pour sa survie dans les premiers mois de son existence est de retour.

“Né le 14 avril 1999 à 9h06. Il pèse 3,2 kg”, avait écrit Hee­eun. “Il est arrivé après quatre heures de contractions. Je suis fascinée. Je prie pour qu’il ne soit pas malade et qu’il grandisse normalement.”

Le seul vœu exprimé par cette jeune mère aura été vain. Gunoo n’a pas fait de méconium – les premières selles d’un nouveau-­né – avant 3 jours, une indication de la mauvaise santé d’un bébé. Son estomac a commencé à grossir et il a développé de fortes fièvres. Il a ensuite passé un mois en pédiatrie, aux soins intensifs. L’hôpital a décidé d’ouvrir son abdomen, expliquant que son gros intestin était emmêlé comme une pelote de laine. Une semaine plus tard, l’hôpital a procédé à une autre incision de vingt centimètres.

En novembre de cette année-­là, à l’âge de huit mois, Gunoo a fait l’objet de deux opérations importantes et il a été transporté au Seoul National University Hospital, son petit corps frêle relié à une poche fécale. L’hôpital a rouvert son abdomen pour lui enlever le reste de son gros intestin.

“Je lui ai donné le sein jusqu’au 7e mois mais il vomissait tout, même quand je mélangeais ses médicaments avec le lait maternisé… Quand ils lui ont enlevé le gros intestin, il a fait dans sa culotte jusqu’à ses sept ans. Je n’arrive même pas à trouver les mots pour parler de cette époque-là.”

Le Seoul National University Hospital a suivi Gunoo jusqu’à ses 13 ans, parce qu’une “ablation totale du gros intestin [n’avait] jamais été pratiquée” dans toute l’histoire de cet établissement. En décembre 2013, dernier jour du long voyage entre Onyang et Séoul, le médecin de garde a dit à Gunoo: “Remercie ta mère, pour tout ce qu’elle a subi”. Cette remarque a déclenché un torrent de larmes chez Hee-eun. “C’est ma faute si Gunoo est comme ça”, murmure-t-elle.

Hee-eun a travaillé dans l’usine de Samsung Electronic, à Onyang, de 1991 à 1998. Son père était fier d’elle quand elle a obtenu ce poste de fabrication de semi-conducteurs. Quinze ouvrières vivaient dans un dortoir de 80 m2 et faisaient des journées de 12 heures, avec deux équipes en alternance. En 1993, la cadence s’est légèrement ralentie, avec la mise en place d’une 3ème équipe, puis d’une 4ème équipe quelques années plus tard.

Suite: http://www.huffingtonpost.fr/2014/12/03/samsung-enfants-maladies-cancer-securite_n_6259864.html?utm_hp_ref=tw