Blessures émotionnelles : vous donnez-vous les moyens de guérir?

Vous donnez-vous réellement les moyens de résoudre vos blessures émotionnelles et de trouver la paix intérieure?

Quand vous vous faites mal physiquement, que ce soit un bleu, une coupure ou un os cassé, vous souffrez un moment, vous cherchez aide et réconfort auprès de votre famille et de médecins et pendant qu’on vous soigne, vous commencez à aller mieux. Le fait qu’on s’occupe bien de vous facilite votre guérison.

Songez maintenant aux blessures morales, émotionnelles. Que fait-on pour les guérir? Honnêtement. Que faites-vous pour guérir vos blessures émotionnelles? Avez-vous autant de moyens? Savez-vous à qui demander de l’aide? Vous sentez-vous traité correctement? Ou est-ce que vos stratégies relèvent plutôt du : 1. Je me tais 2. Je fais tout seul 3. Je me sens impuissant 4. Je refoule ma souffrance?

Ne constatez vous pas là un problème concernant les moyens? Ne trouvez-vous pas comme moi qu’on pourrait faire mieux? Pourquoi n’en fait-on pas plus pour s’aider alors que des aides thérapeutiques existent enfin dans notre société? Est-ce une impuissance (« je ne sais pas quoi faire ou qui voir »), une habitude (« je ne pense pas à m’aider », « ça passera tout seul », « je préfère ignorer ma souffrance ») ou un sabotage volontaire ou involontaire (« je m’oblige à n’avoir besoin de personne » ou « dans ma famille on souffre toujours tout seul et en silence »). 

Imaginons un moment que vous puissiez utiliser toutes sortes de moyens pour vous aider à guérir vos blessures émotionnelles. Prenons le cas d’une rupture amoureuse comme exemple. Comment la comparer à une blessure physique? Votre rupture est-elle comme un bleu, comme une déchirure ou comme une cassure? J’ai déjà vu des gens qui souffraient tellement qu’on pouvait comparer cela à une fracture ouverte. Au bas mot, 6 mois de convalescence après avoir été traité à l’hôpital. Et qu’en est-il de vous? En combien de temps vous êtes vous remis de votre rupture amoureuse la plus difficile? 

Que ferions-nous en cas de fracture ouverte? La souffrance est atroce, notre niveau d’impuissance est au maximum, on ne sait pas quoi faire pour s’aider tout seul. On va donc… chercher de l’aide et… pleurer ou se plaindre, beaucoup et à tout le monde. Il convient donc de faire cela aussi pour une blessure amoureuse! Se plaindre et chercher de l’aide auprès d’un professionnel, un(e) thérapeute, un(e) psychologue ou au minimum des personnes qui soient naturellement « guérisseuses » (on rencontre des guérisseurs naturels tous les jours, un indice, en général ils savent écouter sans jugement).

Alors d’abord se plaindre. Aïe aïe aïe, peut-être n’aimez-vous pas cette idée? Avez-vous réfléchi à quels sont vos conditionnements au sujet de la plainte? Etait-elle interdite dans votre famille? Êtes-vous capable de parler de vous, de partager votre souffrance ou refusez-vous la plainte comme une déchéance, comme un travers terrible et insupportable? Si c’est le cas, vous allez vous priver d’un outil remarquable. En effet la plainte est simplement l’expression de notre douleur, de notre souffrance. Quand on a mal il faut se plaindre, verbaliser, exprimer avec tout son corps la souffrance que nous sommes en train de ressentir. Regardez les enfants, ils s’expriment toujours beaucoup. Cela vous paraît trop de cinéma? Vous avez peur qu’on dise de vous que vous faites du cinéma? Et pourtant ce sont eux qui sont justes, ils ne sont pas encore conditionnés pour faire semblant que ce n’est rien, qu’ils n’ont pas mal, que ça va aller. Les enfants (jusque vers 5-10 ans environ) expriment suffisamment leur souffrance pour que très rapidement ils puissent passer à autre chose et retourner jouer. L’adulte lui, contrôle, tient, dissocie, supprime, rejette, bloque, refoule… sa souffrance au lieu de l’exprimer. Au final, quand il souffre, il ne retourne plus jouer (aimer/travailler/construire son meuble ikea…), il se méfie, il rejette ce qui lui fait mal. Il dira : « on ne m’y reprendra plus, l’amour ça fait trop mal, je préfère rester seul » et d’autres phrases du même acabit.

Imaginez vivre une blessure émotionnelle sérieuse (deuil, rupture…). Vous avez besoin de vous plaindre seul (pleurer, criser, vous morfondre) et aussi à des amis compatissants autour de vous pour exprimer et vider votre souffrance, mais il faut aussi consulter des spécialistes qui peuvent vous donner des solutions pour guérir (désinfecter, opérer, recoudre, mettre un plâtre). Vous savez alors que vous êtes entre de bonnes mains, vous savez avoir fait tout ce qui était nécessaire pour guérir et de ce fait, vous pouvez lâcher-prise et vous abandonner au changement positif de la guérison. Celle-ci sera alors plus courte et plus complète et il n’y aura pas de séquelles!

Car que se passe-t-il quand des blessures physiques sont mal traitées? Elles nous font vivre des séquelles! Evidemment. Une épaule gelée, un genou qui coince, un dos qui bloque et nous voilà privé d’activités physiques intéressantes et profitables. Le parallèle est à nouveau évident, les séquelles émotionnelles sont par exemple : stress, timidité, peur de l’échec, peur du changement, peur de l’amour, peur des relations, sabotages, fuite, dépression, colère, rage, rigidité, phobie, dépendances…

Songez maintenant à toutes vos blessures émotionnelles. Ont-elles été traitées? Avez-vous fait toutes les étapes de la guérison concernant ces blessures? Est-ce vraiment du passé comme vous le supposez ou sont-elles encore actives comme des bombes a retardement, prêtes à vous faire dysfonctionner? Un petit test suffit pour en avoir le coeur net : déterminez votre niveau de stress interne actuel (de 1 à 10), puis pensez à vos blessures l’une après l’autre. Prenez 1 minute pour chaque blessure et revérifiez votre niveau de stress. Si celui-ci augmente beaucoup, ou de manière plus évidente, si vous êtes encore ému(e), énervé(e), triste, tendu(e) dans votre corps ou si vous cherchez à éviter d’y penser, c’est que la blessure n’est pas guérie.

Publié dans Recto Verseau 2018