Dépression : comment la compréhension de cette maladie peut vous aider à guérir

Dans ma pratique, je constate le plus souvent trois grands types de dépression : la « dépression-colère » la « dépression-tristesse » et la « dépression chronique ou de routine ».

La première est due à l’injustice, à la trahison, à l’offense dans laquelle la personne n’a pas réussi à combattre, à vaincre, à résister, à gagner. Il s’agira par exemple d’une personne qui s’est fait licencier abusivement ou d’une personne qui est victime de mobbing mais qui n’a pas réussi à rétablir la situation à son avantage. Il peut s’agir d’une personne qui attend un procès qui pourrait lui donner raison mais qui attend depuis tellement longtemps qu’elle est rongée de colère rentrée. Il peut s’agir d’un enfant qui est brutalisé à l’école ou d’une personne qui est sous la coupe d’un conjoint maltraitant.

Ces personnes ont comme point commun d’avoir beaucoup de raisons d’être en colère ou enragées mais sans pouvoir en faire quelque chose. Elles n’ont pas pu se défendre, ni dire leurs émotions de manière satisfaisante ou suffisante. Après, elles ont essayé de bloquer ou de cacher ces émotions, soit parce qu’elles les jugeaient négatives, inutiles ou indignes d’elles, soit par peur d’en parler. Ce refoulement émotionnel débouche sur un profond blocage énergétique, car il faut beaucoup d’énergie pour verrouiller la colère, et toute cette énergie verrouillée entraîne un vide interne qui est la cause d’une profonde impuissance. C’est un peu comme essayer de faire avancer une voiture tout en maintenant le frein à main tiré. Cela crée une sorte de court-circuit qui génère beaucoup de tristesse puis la dépression.

Le deuxième type de dépression est celle du deuil, de la perte. La personne a perdu quelqu’un ou quelque chose qui avait énormément de valeur pour elle et sa tristesse est telle qu’elle ne peut y faire face. C’est un peu comme un tsunami qui s’abattrait sur elle avec une telle force qu’elle ne peut pas lutter ou se relever. Il s’agit en général de la perte d’un être cher, mais cela peut aussi être la perte de son foyer ou de son pays à cause de la guerre ou de la pauvreté. Il peut s’agir d’un divorce ou d’une rupture. Il peut aussi s’agir de la perte de son emploi dans un contexte où il n’y a ni colère ni ressentiment, juste un très grand sentiment de manque. Certaines personnes le vivent suite à leur départ à la retraite quand leur travail était tout pour elles.

Ce type de dépression pose la question de la résilience, de la capacité à se remettre d’une blessures, d’un choc, d’une émotion forte. Nous ne sommes pas tous égaux en terme de résilience et c’est parfois simplement ça le problème. Mais dans cette catégorie, il y aussi ceux qui refusent simplement de rebondir, souvent pour de bonnes raisons : par exemple ceux qui ont perdu leur enfant et pour qui la vie n’a plus de sens sans lui.

Le troisième type est la dépression « chronique » ou de « routine », c’est-à-dire qu’on est en dépression depuis tellement longtemps qu’on a perdu de vue la cause première de la dépression et qu’on confond cet état avec un état émotionnel normal. Les deux autres types de dépression peuvent devenir des dépressions chroniques, il suffit que cela dure très longtemps.

Je constate aussi, parfois, chez certains patients qui pensent ne pas aller trop mal, une dépression de routine à bas bruit. C’est état est tellement habituel pour eux qu’ils ne remarquent pas être en dépression. Les raisons de cet état se trouvent en général dans l’enfance ou dans la vie foetale : maltraitance, déni de grossesse, tentative d’avortement ratée, rejet des parents, inadéquation familiale, refus de vivre, problèmes relationnels dans la famille, alcoolisme d’un proche… Ces anciens traumatismes tendent à créer des failles profondes en eux qui sont activées plus tardivement dans la vie par des situations pénibles à peu près similaires et c’est à ce moment là que la dépression se révèle vraiment. La correction des causes récentes ne permet souvent pas la guérison, car la dépression est trop ancrée et il faut traiter le passé lointain pour y arriver. Par ailleurs, le corps s’est habitué à un manque hormonal et il faut pouvoir relancer la « machine » endocrinienne pour réellement guérir la dépression, ce qui peut nécessiter des médicaments ou des remèdes.

Comment bien commencer la thérapie ?

Une bonne première question à poser à un dépressif c’est : « Veux-tu sortir de ta dépression? Veux-tu vraiment agir pour te sortir de cet état? Veux-tu changer, lâcher le passé, tourner la page, pardonner peut-être, vivre et travailler à nouveau? ». C’est un bon point de départ car il y a très souvent des résistances en eux, cachées et non conscientisées, qu’il faut pouvoir mettre en pleine lumière pour pouvoir avancer. La parole permet cela. Certains savent d’ailleurs qu’ils ne veulent pas aller mieux et ils vous le diront. D’autres sont plus réservés et par ailleurs on ne leur pose pas forcément cette question. Ils ont souvent peur de parler de leurs résistances de crainte d’être rejetés ou jugés. Au fond tout le monde a le droit inaliénable de gâcher sa vie mais quel proche peut supporter cela sans broncher? Le dépressif croit donc nécessaire de mentir un peu sur la réalité de son état pour protéger les autres.

Les proches veulent souvent trop bien faire, mais ils doivent réaliser qu’il est très difficile d’aider quelqu’un qui semble vouloir être aidé mais qui se sent bloqué. La problématique est la même pour les thérapeutes, nous voyons régulièrement des gens qui viennent pour guérir et changer et qui en même temps y résistent consciemment ou pas. Les êtres humains sont tous plus ou moins paradoxaux et compliqués, il n’y a pas de honte à ça. Inutile donc de juger. La dépression est très dure à vivre. Mais tant qu’un malade ne veut pas guérir à 100%, il sera difficile de le traiter ou de l’aider. Et ça, le patient doit en prendre conscience et faire un vrai choix à un moment donné. Prendre des anti-dépresseurs n’est pas ce vrai choix, c’est une béquille, une aide partielle. Le vrai choix c’est de se faire aider par la parole, par le partage, par l’honnêteté et d’agir (faire enfin ce qu’on craint) pour changer sa vie.

Je vais partager maintenant avec ceux qui sont malades une astuce pour découvrir si vous souhaitez vraiment guérir. Nous allons utiliser la parole pour ce faire. Il suffit de dire à haute voix: « Je suis d’accord de guérir de ma dépression » puis essayez de sentir si c’est vrai ou faux. Vous êtes normalement capable de sentir le vrai et le faux en vous, c’est une capacité que vous avez acquise tout au long de votre vie grâce aux questions des autres qui vous demandent ce que vous voulez. Quand on dit à haute voix par exemple « Je suis une table », on trouve la phrase ridicule et bête, on rigole un peu. C’est la marque du faux. Par contre en disant: « Je suis un être humain » on perçoit clairement le vrai. Après s’être étalonné ainsi, dites la phrase « Je suis d’accord de guérir de ma dépression » et si cela sonne vrai, chiffrez à combien c’est vrai. Ne tenez pas compte de ce que vous croyez mais écoutez comment cela résonne vrai en vous. Si ce chiffre n’est pas de 10, c’est que vous y résistez. Et c’est un problème. Maintenant si c’est vrai à 8, ce n’est pas dramatique mais vous devez comprendre que ce n’est pas optimal.

Vous pouvez aussi vérifier les phrases suivantes : « J’accepte de guérir, j’accepte de changer, j’accepte de ne plus être déprimé, j’accepte de lâcher mes traumatismes passés, j’accepte de me pardonner, j’accepte de passer à autre chose, j’accepte de vivre, j’accepte de terminer mon deuil, j’accepte de laisser partir la personne qui est morte… » Testez les phrases qui vous semblent les plus pertinentes ou inventez-en d’autres. En fonction du résultat, parlez-en à votre thérapeute ou cherchez de l’aide pour résoudre ces résistances, c’est très important.

Il est utile d’identifier de quel type de dépression vous souffrez car on ne traite pas ces trois types de dépression de la même manière. La dépression de colère exige que la colère, la rage ou la haine soit exprimée et ce de manière suffisante. Cela peut prendre des mois. Il faut arrêter de bloquer ses émotions pour enfin récupérer toute l’énergie utilisée comme frein à main. Il faut aussi trouver un mode d’expression adéquat pour vider ces émotions, ce qui n’est pas si simple. En général je conseille de faire cela seul, car personne ne peut accueillir toutes nos colères. On se sent parfois tellement en colère qu’on ne sait pas comment le dire, comment vider cela de nous. Faire cela seul est possible mais c’est une tâche difficile, il faut se faire aider par une méthode adéquate. Une fois ces émotions correctement libérées, l’état du malade peut s’améliorer considérablement jusqu’à guérison complète.

La dépression de tristesse est plus longue à traiter car la personne a besoin de beaucoup de temps pour faire son deuil. Les anti-dépresseurs sont utiles car tout le système hormonal est parti en vrille, mais certains les supportent mal. Certains remèdes naturels peuvent vous aider de manière équivalente ou de manière complémentaire, renseignez-vous. Dans ma pratique je propose de nombreuses corrections pour aider les processus digestifs, les processus de résilience, les processus hormonaux, la manière de gérer les émotions, les influences héréditaires ou karmiques qui pourraient bloquer les facultés de guérison.

Quant à la dépression chronique, qui combine souvent tristesse et colère et une bonne part d’inconscience, je vous laisse imaginer combien elle est difficile à résoudre; pourtant tout est toujours possible, pour peu qu’on se regarde avec conscience.